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Trois jours durant, depuis ce jeudi après-midi jusqu’à samedi soir, le théâtre en français est à l’honneur à Pardubice avec la 6e édition du festival Frankoscény (Scènes francophones). Directeur du Théâtre de l’Imprévu à Orléans, Éric Cénat est à l’origine de ce projet qui, chaque printemps depuis 2019, en coopération avec l’Alliance française, réunit dans la ville de Bohême de l’Est jusqu’à 150 lycéens francophiles et théâtrophiles de différents pays. 

03/04/2025

Par Guillaume Narguet

« Je connais très bien la ville de Pardubice parce que j’y travaille de façon régulière depuis 2007, soit donc depuis dix-huit ans. J’y viens dans le cadre de la coopération entre les régions tchèque de Pardubice et française de Centre-Val de Loire, où ma compagnie – le Théâtre de l’Imprévu - est installée puisque nous sommes basés à Orléans, et pour travailler avec des lycéens tchèques et leurs enseignants autour du théâtre et de la poésie francophones. »« Il y a quelques années, j’ai eu envie de monter un festival de théâtre international francophone. Et à Pardubice, il y a tout ce qu’il faut pour cela : un beau théâtre, une Alliance française et même, désormais, un réseau amical. »

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« Frankoscény attire de 130 à 150 jeunes gens avec leurs enseignants, bien sûr, qui viennent de pays très différents : la République tchèque, bien sûr, avec cette année des élèves de Brno (Moravie du Sud), de Prostějov et d’Olomouc (Moravie du Nord), mais aussi de Hongrie, de Roumanie, d’Allemagne, de Bulgarie, et même de Tunisie. Tout cela donne une rencontre au cœur de l’Europe autour du théâtre et de la francophonie qui est totalement exaltante. »

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On a le sentiment que cette participation internationale est de plus en plus importante au fil des années, alors qu’initialement, lors de la première édition en 2019, vous étiez davantage sur une base tchèque...

« Disons que c’est une évolution naturelle. Bien sûr, notre envie première est de concerner les troupes tchèques. Mais cette année, par exemple, nos amis de Hradec Králové (Bohême de l’Est), qui ont toujours été fidèles à Frankoscény, participent à un autre festival à Saint-Malo. C’est bien aussi. Nous avons souvent eu des troupes de Prague et de Tábor (Bohême du Sud) aussi. Mais le fait qu’il y a ait un peu moins de troupes tchèques que les premières années est peut-être une évolution normale. »« Notre volonté est aussi de nous ouvrir à d’autres pays, et même à d’autres continents, puisque ces deux dernières années, nous avons eu une troupe du Canada et une autre d’Égypte. Et cette année, donc, pour la troisième fois, de Tunisie. Cette dimension internationale, en allant même au-delà des frontières européennes, est importante. »

Frankoscény fait désormais partie d’un projet plus vaste appelé « Nové Frankofonní Scény » (Nouvelles scènes francophones) qui regroupe plusieurs actions culturelles francophones en Tchéquie. De quoi s’agit-il ?

« La grosse opération à côté de Frankoscény est notre concours de lecture à voix haute, dont la création remonte à 2017. Chaque année, je prépare un corpus de textes, généralement des poèmes, autour d’une thématique. Cela peut être la poésie engagée, l’amour et l’amitié, la poésie féminine francophone, etc. Ensuite, il y a un rendez-vous à l’Institut français avec les professeurs de français intéressés, pour une journée de formation autour de ces textes à la suite de laquelle les professeurs repartent dans leurs établissements où ils organisent leur propre concours interne. »

« Cela signifie la participation de centaines d’élèves à travers la Tchéquie. Chaque établissement invite ses trois meilleurs lecteurs ou lectrices à venir au mois d’avril à Prague, à l’Institut français, pour une finale où l’on travaille avec environ 90 jeunes gens. »« Cette année, la thématique est la poésie de Robert Desnos pour le 80e anniversaire de sa mort, le 8 juin 1945, à Terezin (Bohême centrale), ce qui est donc tout à fait symbolique. C’est aussi l’occasion de rendre un bel hommage à l'homme qu’il était, et à sa poésie. »

Éric, il y a deux ans, dans un autre entretien, vous nous aviez fait part de votre tristesse de voir la place toujours plus faible réservée à l’apprentissage du français dans les écoles en Tchéquie et les difficultés auxquelles sont confrontés les professeurs de français. Dans quelle mesure ce festival, malgré la participation de « seulement » trois lycées tchèques cette année - pour différentes raisons - constitue-t-il une source de motivation pour les élèves ?

« C’est vrai, nous avons effectivement ce sentiment. Ce n’est pas qu’elle n’est plus à la mode, mais la langue française est considérée comme difficile, et puis il y a la concurrence d’autres langues, l’espagnol par exemple, et on discute beaucoup avec les enseignants. »« Du coup, pour cette année, nous avons imaginé un ‘pré-Frankoscény’, c’est-à-dire une journée juste avant le festival durant laquelle nous avons accueilli 130 à 140 lycéens de la région de Pardubice qui apprennent le français et qui sont venus en tant que spectateurs pour assister à deux représentations des troupes de Brno et de Bulgarie qui participent au festival. Ces spectacles ont été suivis d’un échange très enrichissant avec les élèves, les jeunes comédiens et leurs professeurs, pour leur montrer que lorsqu’on apprend le français, on peut aussi avoir des activités artistiques, comme le théâtre. »« Nous voulons leur montrer que les élèves qui sont sur scène sont complètement épanouis, qu’ils jouent bien, et qu’ils parlent bien, aussi. Donc nous essayons de promouvoir, par le théâtre, la langue française. »

Frankoscény est le fruit aussi du partenariat entre le Centre-Val de Loire et la région de Pardubice. Au-delà du festival, quels sont les autres échanges entre ces deux régions ?

« Il y a notamment des échanges entre un le Lycée professionnel agricole d’Amboise, qui propose uen formation viticole, et un lycée qui possède une option un peu similaire à Litomyšl. Il y a aussi des élèves de la région Centre qui vont dans les lycées tchèques, et inversement dans le cadre du programme ‘Un an en France’. »

Depuis votre découverte du pays en 2007, venez-vous toujours en Tchéquie avec le même plaisir, et peut-être même aussi désormais quelques notions de tchèque ? La promotion du français, c’est bien, mais quid du tchèque ?

« Nemluvím česky - non, je ne parle pas vraiment, mais je comprends quand même mieux maintenant, parce que c’est plus facile que de parler. Je me débrouille quand je suis seul, au restaurant ou dans les transports en commun... »« Par contre, dans le cadre de mon travail, souvent, on me demande d’être le Français en quelque sorte. Du coup, mon tchèque n’a pas progressé autant que je l’aurais souhaité. Mais quand je suis arrivé en 2007, jamais je n’aurais imaginé rester autant d’années en relation avec ce pays. Je suis arrivé, non pas par hasard, mais sans projet à moyen ou long terme. Et maintenant, c’est vrai, cela fait dix-huit ans...« Sans doute aurais-pris des cours si j’avais su ça la première fois. Parce que le rapport à la langue dans un pays, c’est évidemment essentiel. Alors, bien sûr, avec les interlocuteurs, on parle souvent français. On parle aussi en anglais... Enfin, l’anglais que parlent les gens qui ne le parlent pas forcément très bien. Mais bon, on se débrouille et on se comprend. »« Au-delà de la langue, et je tiens à le dire, la République tchèque est vraiment devenue un pays très cher à mon cœur. Ça, c’est sûr ! Je suis passionné par son histoire, par ses arts, par son architecture. Et, surtout, j’y ai noué des amitiés profondes, sincères et qui se sont installées dans le temps. Et c’est ce qui me fait revenir toujours avec bonheur et sourire en République tchèque. »

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Le Théâtre de l'Imprévu – licence podnikatele v oblasti zábavy: R-2020-006802

Společnost podporovaná regionem Centre - Val de Loire, dotovaná městem Orléans a radou departementu Loiret.

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